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  • Photo du rédacteurMichèle Devernay

Dangereuse connexion

En mai, on pourrait faire ce qui nous plait. Mais on pourrait aussi parler connexions. Que ce soit celle que vous piquez chez le voisin ou celle qui vous empêche de jeter de vieilles chaussettes dépareillées, à vous de choisir ! Votre création connectée devra être un texte original (la fanfiction n’est pas autorisée) d’une longueur de 500 mots (marge de 10% autorisée). Mais comme 500 mots, c’est quand même court, ce mois, vous avez la possibilité de publier non pas un, mais deux textes. De quoi être largement connecté !


Elias92 : - « Et sinon, tu as un petit copain ? »


Manon leva un regard inquiet vers la porte de sa chambre, tout en guettant les sons en provenance de la salle à manger, où ses parents regardaient un énième documentaire sur l’élevage des saumons. Passionnant, vraiment ! Aucun bruit suspect… Bien. Se mordillant la lèvre inférieure, elle leva les doigts au-dessus de son clavier, mais suspendit son geste avant d’avoir appuyé sur la moindre touche. Elle avait conscience que la conversation prenait une tournure un peu trop personnelle, et toutes les recommandations de prudence de ses parents lui revenaient en mémoire.


Ne donne jamais ni ton nom, ni ton adresse, ni aucune information personnelle, quelle qu’elle soit ! Tu ne sais pas qui est de l’autre côté, si c’est une fille ou un garçon, quel âge il ou elle a réellement, ni quelles sont ses intentions… Cela faisait plusieurs semaines qu’elle communiquait avec Elias92. Il avait 14 ans, un an de plus qu’elle. Ils avaient pris contact parce qu’ils jouaient tous les deux au même jeu en ligne, et au début, leurs conversations ne tournaient qu’autour de cela. Mais peu à peu, ils avaient commencé à échanger sur d’autres sujets. C’était cependant la première fois qu’il se risquait à aborder pareille question.


Oh, et puis zut ! Après tout, que risquait-elle, au juste ? Elle n’avait pas l’intention de le rencontrer dans la vraie vie, de toute façon. A en croire son pseudo, il habitait Paris. Il le lui avait confirmé, d’ailleurs. Elle vivait dans le midi, à Cassis, alors… Balayant ses dernières hésitations, elle laissa ses doigts pianoter à toute allure sur le clavier.


Andromède : - « Non, mais il y a un garçon du collège qui me plaît bien. Et toi ? »


Elias92 : - « Ouais, depuis 2 mois. Je suis sûr que tu es très jolie, tu vas le conquérir facilement ! »


Andromède : - « J’aimerais que ce soit aussi simple… »


Elias92 : - « Mais si, tu verras. Un sourire, un battement de cils, et hop, c’est dans la poche. »


Andromède : - « Tu parles ! »


Elias92 : - « Allez, envoie une photo de toi, pour voir... T’as confiance en moi, non ? »


A nouveau, Manon suspendit ses doigts vernis de noir à dix centimètres du clavier. Une photo ? Un signal d’alarme se mit brusquement à tonitruer dans sa tête. Elle ne devait pas, elle le savait. Mais à refuser, ne risquait-elle pas de perdre cet unique ami qu’elle s’était fait si facilement sur la toile, alors que c’était si compliqué dans la vie réelle ? De l’autre côté de la porte, la voix de sa mère la fit brusquement sursauter, il était temps d’éteindre ce fichu PC !


A l’autre bout de la connexion, la photo de la jeune Manon s’afficha sur l’écran, à peine quelques secondes plus tard. La caméra opéra un travelling arrière, dévoilant le visage d’un homme à la quarantaine bien sonnée, un sourire triomphant aux lèvres. Le plan s’agrandit encore sur une maison tout à fait ordinaire, qui n’avait d’autre particularité que son adresse. En dehors du numéro, elle était identique à celle de la jeune fille…

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